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Suzanne Aubineau, la mère de Pierre et André Auclair

 

S’il existe des Auclair en Amérique, c’est qu’une veuve, mère de deux garçons, a décidé de venir se remarier au Canada plutôt que chez elle, en France. Cette femme se nomme Suzanne Aubineau.

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Trois ans après le décès de son mari, Suzanne Aubineau, profitant d’un programme gouvernemental baptisé Les Filles du Roy, ira se remarier au Canada. Son transport et son trousseau sont payés par le roi. Elle s’embarque avec ses fils Pierre, âgé de 11 ans, et André, âgé de 4 ans.

 

Nous ignorons la date de leur arrivée à Québec, mais nous savons qu’elle y est le 11 août 1666. Ce jour-là, elle assiste au contrat de mariage d’une amie à titre de témoin. Treize jours plus tard, elle signe elle-même un contrat de mariage avec un certain Jacques Michel, originaire de Rouen. Toutefois, avant de passer à l’église, elle annule ce contrat. Il faut savoir que 15 % des Filles du Roy ont annulé leur premier contrat de mariage, car elles ont dû le signer trop vite.

 

Suzanne Aubineau ne signe pas un nouveau contrat de mariage tout de suite, elle attend au printemps suivant. Elle passe l’hiver dans la basse ville de Québec, où demeurent quelques connaissances, dont Guillaume Feniou, marchand de La Rochelle, qui habite rue Sous-le-Fort. De l’autre côté de la rue demeure Charles Gauthier, qui possède une ferme à l’île d’Orléans. Dans cette ferme travaille Mathias Campagna, natif d’Angoulins, le village natal de Suzanne Aubineau. C’est lui que Suzanne va épouser.

 

Pour le moment, Mathias n’est pas libre, car il a signé en 1664 un contrat d’engagement d’une durée de trois ans. Durant ce temps, il n’a pas le droit de se marier. C’est pourquoi Suzanne Aubineau attend au printemps. Le 25 avril 1667, elle signe avec lui un contrat de mariage. Cette fois, c’est pour de bon. Le contrat, qui donne lieu à un rassemblement de parents et d’amis, a lieu chez le marchand Feniou. Cette maison de la rue Sous-le-Fort porte aujourd’hui le numéro 25 et s’appelle la maison Chavigny. Détruite par le feu en 1682, elle a été reconstruite en 1683, puis restaurée en 1960.

 

Concernant les deux garçons, le contrat spécifie qu’ils seront logés et nourris jusqu’à ce qu’ils aient atteint l’âge de 15 ans. Le notaire avait d’abord écrit « en allant aux écoles », mais Mathias Campagna fait rayer ces mots et fait écrire plutôt « en travaillant à la maison ». Ainsi, Pierre et André Auclair ne sauront jamais signer leur nom.

 

Nous ignorons où et quand a lieu le mariage. Ce que nous savons, c’est que Mathias Campagna installe sa famille à la ferme de l’île d’Orléans où il travaille depuis trois ans. Il n’est plus seulement engagé, mais fermier, ce qui veut dire qu’il participe désormais aux bénéfices. Cette ferme se trouve dans la paroisse Sainte-Famille, 2 kilomètres à l’ouest de l’église. C’est là que Suzanne Aubineau donne naissance à quatre enfants : trois filles qui mourront en bas âge et un garçon, Charles, qui deviendra un entrepreneur prospère.

 

En 1675, Mathias Campagna se fait concéder deux terres dans la seigneurie d’Argentenay, aujourd’hui la paroisse Saint-François de l’île d’Orléans : une pour lui et une pour son beau-fils Pierre Auclair. Il y déménage en 1677. Pierre Auclair vend sa terre l’année suivante. Tout laisse croire que les deux hommes ne s’entendent pas bien.

 

Lorsque Suzanne Aubineau atteint l’âge de 55 ans, elle a des ennuis de santé. Au printemps de 1690, elle fait deux séjours à l’Hôtel-Dieu de Québec pour un total de trente-sept jours. Elle décède le 10 mars 1694, à l’âge de 59 ans, et est inhumée dans le cimetière paroissial. Mathias Campagna lui survit durant vingt ans et décède à l’âge respectable de 89 ans.

 

Aujourd’hui, si vous allez à Saint-François de l’île d’Orléans, venant de Saint-Jean, vous verrez, du côté gauche de la route, 2,4 kilomètres avant l’église, un monument à la mémoire de Mathias Campagna et Suzanne Aubineau. Il a été érigé par l’Association des familles Campagna en 1964, pour souligner le tricentenaire de l’arrivée au Canada de Mathias Campagna. Ce monument se trouve sur la terre ancestrale. De l’autre côté de la route, au bout d’un chemin de terre, se trouve la maison construite par Charles Campagna, leur fils.

 

 

Raymond L’Heureux

Suzanne Aubineau est née à Angoulins, un village situé à une dizaine de kilomètres au sud de La Rochelle. Nous ne possédons pas son acte de naissance. À une date inconnue, elle épouse Pierre Auclair, avec qui elle s’établit à Saint-Vivien, cinq kilomètres plus au sud, près du littoral. L’information selon laquelle Pierre Auclair aurait demeuré à Saint-Sauveur d’Aunis est erronée. Saint- Sauveur est situé beaucoup plus à l’intérieur des terres. Le couple met au monde trois enfants : Pierre, baptisé le 7 février 1655, Anne, décédée le 21 août 1661, et André, baptisé le 23 avril 1662. Le père décède prématurément à l’âge de 36 ans et est inhumé dans le cimetière de sa paroisse le 25 février 1663.

L’église de Saint-Vivien, près de La Rochelle.

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